La langue japonaise, comme beaucoup d’autres langues, est profondément enracinée dans les structures sociales et culturelles. Cependant, ces structures peuvent parfois exclure ou marginaliser certains groupes de personnes. Parler un japonais inclusif est essentiel pour promouvoir l’égalité, la diversité et l’inclusion. Cet article explore comment les locuteurs peuvent adapter leur langage pour être plus inclusifs et respectueux de toutes les identités.
Comprendre la langue japonaise et ses défis
Le japonais est une langue complexe avec plusieurs niveaux de formalité et de politesse. Les choix linguistiques peuvent souvent refléter des hiérarchies sociales et des rôles de genre. Voici quelques défis spécifiques :
1. Le genre grammatical : Contrairement à certaines langues, le japonais n’utilise pas de genre grammatical pour les objets inanimés, mais il y a des différences marquées dans la façon dont les hommes et les femmes parlent.
2. Les pronoms : Les pronoms en japonais peuvent indiquer le genre, et certains pronoms sont perçus comme masculins ou féminins.
3. Les niveaux de politesse : Le keigo (敬語) est un système de langage honorifique utilisé pour montrer le respect. Il peut compliquer la communication inclusive car il renforce parfois les hiérarchies sociales.
Utilisation des pronoms inclusifs
L’un des aspects les plus importants de la langue inclusive est l’utilisation de pronoms qui respectent l’identité de genre des personnes.
1. Éviter les pronoms genrés : Au lieu d’utiliser les pronoms genrés comme « 彼 » (kare) pour « il » et « 彼女 » (kanojo) pour « elle », vous pouvez utiliser des termes plus neutres comme « あの人 » (ano hito) qui signifie « cette personne ».
2. Utilisation des prénoms : Utiliser le prénom de la personne au lieu d’un pronom peut également être une solution. Cela évite la nécessité d’utiliser des pronoms genrés.
3. Nouvelles propositions de pronoms : Certaines communautés proposent de nouveaux pronoms neutres comme « れい » (rei), bien que leur utilisation ne soit pas encore largement acceptée.
Langage honorifique et inclusivité
Le keigo, ou langage honorifique, est une partie intégrante de la langue japonaise. Cependant, il peut parfois renforcer des hiérarchies sociales non inclusives.
1. Simplifier le keigo : Utiliser des formes plus simples de keigo peut aider à réduire les barrières et à promouvoir une communication plus égalitaire.
2. Éviter les titres genrés : En entreprise, par exemple, éviter les titres genrés comme « 部長 » (buchō – directeur masculin) et « 部長夫人 » (buchō fujin – femme du directeur) peut être un pas vers plus d’inclusivité.
3. Encourager l’usage de titres neutres : Utiliser des termes neutres comme « さん » (san) après le nom de quelqu’un est une manière respectueuse et inclusive de s’adresser à eux, indépendamment de leur genre ou statut.
Adopter un langage neutre
Adopter un langage neutre est une étape cruciale pour parler un japonais inclusif.
1. Utilisation des noms de famille : En milieu professionnel ou académique, privilégier l’utilisation des noms de famille avec « さん » (san) est une pratique respectueuse et neutre.
2. Choisir des termes neutres : Par exemple, au lieu de « 彼氏 » (kareshi – petit ami) ou « 彼女 » (kanojo – petite amie), utiliser « 恋人 » (koibito – partenaire amoureux) est plus inclusif.
3. Éviter les clichés de genre : Certaines expressions ou mots peuvent renforcer des stéréotypes de genre. Par exemple, éviter de dire « 男らしい » (otokorashii – viril) ou « 女らしい » (onnarashii – féminin) peut contribuer à un langage plus inclusif.
Les efforts pour promouvoir le langage inclusif
De nombreuses initiatives sont en cours pour promouvoir un langage inclusif au Japon.
1. Éducation et sensibilisation : Des programmes éducatifs et des ateliers sont organisés pour sensibiliser les gens à l’importance de la langue inclusive.
2. Politiques d’entreprise : De plus en plus d’entreprises adoptent des politiques de langage inclusif pour créer des environnements de travail plus diversifiés et respectueux.
3. Média et culture : Les médias jouent un rôle crucial dans la promotion de la langue inclusive. Des émissions de télévision, des films et des publications commencent à intégrer un langage plus neutre et respectueux.
Cas pratiques et exemples
Pour illustrer comment parler un japonais inclusif, voici quelques exemples pratiques :
1. Conversations quotidiennes : Au lieu de demander « 彼女はどこですか? » (Kanojo wa doko desu ka ? – Où est-elle ?), demandez « あの人はどこですか? » (Ano hito wa doko desu ka ? – Où est cette personne ?).
2. Correspondance professionnelle : Dans les e-mails, utiliser « 各位 » (kakui – à toutes les personnes concernées) plutôt que « 皆様 » (minasama – chers tous) peut être plus inclusif.
3. Événements et réunions : Lors des introductions, au lieu de dire « 皆さん » (minasan – tout le monde) qui est souvent utilisé, vous pouvez dire « 皆様 » (minasama – mesdames et messieurs) ou « 皆 » (mina – tous) pour être plus neutre.
Les défis et résistances
Adopter un japonais inclusif n’est pas sans défis. Voici quelques obstacles courants :
1. Tradition et conservatisme : La langue japonaise est profondément enracinée dans des traditions séculaires, ce qui peut rendre difficile l’adoption de nouvelles pratiques linguistiques.
2. Manque de sensibilisation : Beaucoup de gens ne sont pas conscients de l’importance d’un langage inclusif ou ne savent pas comment l’adopter.
3. Résistance au changement : Comme pour tout changement social, il y a une résistance naturelle. Certaines personnes peuvent percevoir le langage inclusif comme une menace à leur identité culturelle ou linguistique.
Stratégies pour surmonter les obstacles
Pour promouvoir avec succès un langage inclusif, il est crucial de développer des stratégies efficaces.
1. Éducation continue : Organiser des ateliers, des séminaires et des formations pour éduquer les gens sur l’importance et les méthodes d’un langage inclusif.
2. Exemples de leadership : Les leaders d’opinion, les figures publiques et les entreprises peuvent jouer un rôle crucial en adoptant et en promouvant un langage inclusif.
3. Créer des ressources : Développer des guides, des manuels et des ressources en ligne pour aider les gens à comprendre et à utiliser un langage inclusif.
L’impact positif d’un langage inclusif
Adopter un langage inclusif peut avoir de nombreux avantages pour la société et les individus.
1. Promotion de l’égalité : Un langage inclusif aide à réduire les inégalités et à promouvoir une société plus équitable.
2. Respect et dignité : Utiliser un langage inclusif montre du respect pour toutes les identités et contribue à protéger la dignité des individus.
3. Créer des environnements inclusifs : Dans les entreprises, les écoles et les communautés, un langage inclusif aide à créer des environnements où tout le monde se sent valorisé et respecté.
Conclusion
Parler un japonais inclusif est un effort nécessaire pour promouvoir l’égalité, le respect et la diversité. Bien que cela présente des défis, les avantages d’une société plus inclusive et respectueuse valent largement les efforts. En adoptant des pronoms neutres, en simplifiant le keigo, et en utilisant un langage neutre, nous pouvons tous contribuer à créer un environnement linguistique plus accueillant pour tous. La sensibilisation, l’éducation et l’exemple des leaders sont essentiels pour surmonter les obstacles et encourager l’adoption d’un langage inclusif.